Didier Ratsiraka : un benjamin voué à l’éducation

Didier Ratsiraka : un benjamin voué à l’éducation

Didier Ignace Ratsiraka est né le 04 novembre 1936 à Vatomandry sur la côte est de Madagascar, dans la province de Toamasina. Originaire de l’ethnie Betsimisaraka, Didier Ratsiraka a vécu son enfance dans la ville natale de ses parents. Son père et sa mère sont tous deux natifs de Mahanoro, Albert Ratsiraka de la région de Betsizaraina du village de Niarovan’Ivolo et Marcelline Vanona du village de Tsangambato. Son père Albert Ratsiraka exerçait le métier d’écrivain et interprète pour le gouvernement colonial. Ce dernier a été élevé par son oncle maternel Martel Razanaka, leader du soulèvement dans la région de Mahanoro et de Mananjary en 1947. Didier Ratsiraka également par sa mère était l’héritier politique de son grand-père Alphonse Philippe (dit Rafilipo), Gouverneur de Vatomandry. Benjamin d’une famille de dix enfants, Didier Ratsiraka a épousé Céline Velonjara en décembre 1963. La cérémonie religieuse a eu lieu à la paroisse de l’église catholique Ambatonilita, Antananarivo, sous la bénédiction du curé Armand Gaëtan Razafindratandra. Ce dernier est fait cardinal par le Pape Jean-Paul II quelques années plus tard. De cette union naîtront trois filles dont Olga, Sophie, Annick et un fils, Xavier, suivis de cinq petits-enfants.

Didier Ratsiraka : un élève brillant issu d’une famille aisée

Didier Ratsiraka a été un élève exceptionnel. Il a commencé à étudier dans une école primaire publique à Moramanga. Il a ensuite continué le cycle secondaire dans une école catholique à Ambatondrazaka puis a poursuivi son parcours académique chez St Joseph “Frères des Écoles Chrétiennes” à Toamasina. Quelques années plus tard, il entre au lycée St Michel Amparibe à Antananarivo, se hissant à la première place. Faute de nationalité française,  ses parents sont obligés d’emprunter de l’argent pour poursuivre ses études en France. En février 1955, Didier Ratsiraka s’est embarqué pour la France sur le navire ” Pierre Loti”. Il obtient son Baccalauréat partie 1 quelques mois après son arrivée de la même année, au Lycée de Montgeron (Annexe Henri-IV), en France. Il a ensuite été admis en terminale puis en classe préparatoire scientifique, série Mathématiques élémentaires modernes, au lycée Henri-IV avant d’entrer dans la filière mathématique avancée et spéciale. En choisissant une carrière militaire, Didier Ratsiraka a été admis à l’école navale de Lanvéoc Poulmic à Brest Finistère. Deux fois promue en 1960, il obtient son diplôme d’ingénieur à l’École navale et devient officier de pont. En 1965, il poursuit ses études à l’École Supérieure des Officiers de Transmission électronique (Bormettes, Toulon) dont il obtient un diplôme d’Ingénieur Brevet Transmission. Cinq ans plus tard, en 1970, il participe à l’École Supérieure de guerre navale de Paris (1970 à 1972) et en sort diplômé avec distinction. Il mettra à profit son séjour à Paris pour compléter ses études à la Sorbonne en Droit, Économie Politique et Institutions Financières Internationales.

En 1960, Didier Ratsiraka est accepté à l’École Navale et embarque à bord du navire-école “La Jeanne d’Arc” en 1962. Au cours de cet ultime voyage, il visitait plusieurs ports et pays importants tels que : Hong-Kong, le Panama et les côtes américaines. En juillet 1963, il rentrait chez lui et travaillait à la base navale d’Antsiranana avec le grade de Sous-Lieutenant. Il a été le premier officier de marine de l’armée navale malgache puis affecté en mission à Mahajanga pour une durée de 8 mois. Il décide alors de suivre un stage à Toulon pendant un an et demi puis revient à Antsiranana et est nommé commandant du Tanamasoandro, un bâtiment franco-malgache. Après cela, Didier Ratsiraka a pris successivement le commandement de Mailaka I, puis de Mailaka II. Il est nommé attaché militaire de l’ambassade de Madagascar à Paris (France) en 1970, la même année où il entre à l’École Supérieure de Guerre Navale. Un parcours que Didier Ratsiraka qualifie de privilège au sein du corps de la marine malgache et du continent africain.

Le plus jeune ministre de la 2ème République

Didier Ratsiraka est entré en politique en tant qu’officier supérieur de la marine nationale. Suite aux événements des étudiants de mai 1972, le capitaine de corvette âgé seulement de 36 ans devient ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Ramanantsoa. C’était un ​gouvernement de transition, mis en place de 1972 à 1972. À ce poste, il a priorisé une politique d’ouverture à l’échelle internationale. Le ministre Ratsiraka a signé en 1973 les accords de coopération avec la France. Cet accord donne à Madagascar le plein exercice de sa souveraineté sur tous les domaines : notamment le départ des soldats français présents à Madagascar (évacuation de la base de Diégo-Suarez), la sortie de la valeur monétaire « francs français » ainsi que l’intégration du pays dans l’Organisation Mondiale du Commerce. Ainsi, la banque centrale de Madagascar est créée le 12 juin 1973 et le pays vient d’officialiser sa monnaie nationale l’Ariary. Didier Ratsiraka a représenté Madagascar au sommet des pays non alignés à Alger en 1973. Son premier discours au concert des nations à l’ONU le 5 octobre 1972 porte au monde la politique étrangère d’un Madagascar indépendant, épris de liberté et épris de justice. Le ministre des affaires étrangères était un héroïque défenseur de la souveraineté et de l’indépendance nationale. Il s’est toujours assuré que ces choses ne pouvaient pas être entravées par l’influence de la politique étrangère. De 1972 à 1974, Didier Ratsiraka multiplie les voyages à l’étranger, ce qui lui permet également de réintégrer Madagascar dans la grande famille de la communauté africaine, l’O.U.A (Organisation de l’Union Africaine). Il a prêché sans relâche pour la cause des pays opprimés, contre le régime d’apartheid et toutes les autres restrictions à la liberté et aux droits de l’homme. Il a toujours prôné une politique de coopération globale, sous sa houlette la diplomatie malgache. De nouveaux accords diplomatiques ont été signés en quelques années en partenariat avec les 15 pays d’Europe, d’Afrique et d’Asie. C’est aussi l’époque où Madagascar a rompu ses relations diplomatiques avec l’Afrique du Sud à cause du régime d’apartheid.

Distinctions honorifiques

- Ordre du Mérite Français pour avoir sauvé des naufragés avec son navire quand il était commandant du Mailaka I.

- Citoyen d’honneur de la Nouvelle Orléans (USA)

- Médaille d’honneur JOLIOT CURIE une décoration au rang le plus élevé mondialement au sein du Conseil de paix. (1981)

- Grand Prix Européen De La Culture ou Prix Umberto Blanca Mano, le 5 mars 1998

- Pour l’organisation de l’agrégation de Médecine à Madagascar on lui délivre le titre de Docteur Honoris Causa

- Grand commandeur de l’Ordre National de Madagascar

- Grand-croix de la légion d’honneur Française

Didier Ratsiraka était un homme pieux dont la foi passait avant tout. Dans ses discours publics, il ne manque jamais d’honorer le créateur, Zanahary. Selon l’Amiral, Dieu est unique. « Na hiodon-kavia ianao, na hiodon-kavanana, Andriamanitra iray ihany » ! Que vous regardiez à gauche ou à droite, il n’y a qu’un seul Dieu, se rappelle-t-il souvent avant de parler à son peuple. Invité au Vatican, Didier Ratsiraka rencontre le pape Jean-Paul II, qu’il invite à visiter le Madagascar historique en 1989. Sous sa présidence “Laïcité d’État” n’est pas qu’un mot, il est le président de tous les Malgaches et lutte contre l’élimination de toute discrimination fondée sur la race ou la religion et l’existence de la propriété privée.