À l’ère des dinosaures et des animaux géants, vivaient un homme très grand nommé Rapeto. Si grand qu’il a fait le tour du monde en quelques heures. Lorsqu’il a vu Madagascar, il est tombé amoureux de l’île couverte de forêt vierge, avec une diversité de fruits, d’animaux, de ressources. Puis il a décidé de s’y installer. Il a commencé par construire une cabane.
Un véritable bâtisseur de maison. Il arrive à installer les toits et les clôtures en une demi-journée. Un jour, il partit à la chasse et rencontra une maki vari (espèce de singe que l’on trouve à Madagascar), il la ramena dans son bungalow et l’épousa. Avant d’aller se coucher, sa femme lui dit : « S’il te plaît, apporte-moi la lune là-haut. Rapeto aime tellement sa femme qu’il fait tout ce qu’elle demande. Mais la lune est tombée sur la terre, parce qu’il n’a pas réussi à la retenir et a brûlé les vastes forêts. Abasourdis et indignés par l’ampleur de l’incendie, les habitants se sont rassemblés pour chasser le couple hors de Madagascar. Alors que tout le monde était occupé à discuter de ce qu’il fallait faire, le feu s’est déclaré violemment tuant tous les animaux. Le feu s’est propagé et a brûlé des maisons avec tout ce qui étaient dedans : des zébus, des cochons et des volailles. Plusieurs hectares de champs ont été réduits en charbon, des forêts réduites en cendres jusqu’à salir les fleuves. Il ne restait qu’un seul arbre devant eux, droit et d’une hauteur vertigineuse. Ils ont affirmé que cet arbre immense était dangereux et qu’il fallait l’abattre. La réunion s’est dissoute et tout le monde sont vite revenu avec une hache. Les gens ont utilisé des haches pour attaquer le grand arbre, crachant de la sève rouge sang, la population s’exclama : “Attendez! Vous voyez, n’est-ce pas un arbre maléfique? Le bois est rouge comme le sang». Pris de panique, beaucoup se sont enfuis, mais certains sont restés calmes pour finir la tâche jusqu’au bout. Jour et nuit, ils ont travaillé dur pour abattre l’arbre du malheur pour de bon. Après beaucoup de travail acharné, l’arbre géant s’est effondré. Ce n’est qu’à ce moment-là que les gens ont réalisé qu’il s’agissait de Rapeto et non d’un arbre. Tout le monde était content de le voir mort. Rapeto couvrait les plateaux désertiques de son grand corps. Mais son sang a continué à couler et à se transformer en engrais. Son sang a rendu la terre désertique fertile et a fait germer un grand nombre de plantes différentes. Plus tard, les arbres ont poussé en abondance dans cette région, donnant ainsi naissance au vieil adage : « Jamais tu n’épuiseras la forêt de l’est »…
\ Rapeto et sa femme sont des « vazimba », en ce sens que les vazimba ne sont pas des êtres mystiques mais simplement les précurseurs du peuple malgache actuel. Le couple était les seigneurs d’une tribu entre le croisement de peuple indonésien qui est l’origine des vazimba et d’un tribu étranger. On dit que Vazimba est petit, mais le conte de Rapeto décrit un géant très fort. Sa tête touchera le ciel et chacun de ses gestes lui rapportera des dizaines de lieues. Au quotidien, il cuisine sur une colline, se retourne et mange sur une autre. Alors que l’histoire de Rapeto est bien établie, les exagérations de sa taille et de sa force sont assez amusantes. Un gros trou dans un rocher et c’est la marque des pieds de Rapeto. Tout ce qui ressemble à un outil, un meuble, un ustensile géant, un luminaire dans la nature faisait allusion aux objets personnels de Rapeto. Cette mise en contexte spatial rappelle l’histoire biblique de Goliath ou d’Héraclès. Ils existent peut-être déjà, mais leur exploitation est controversée. Les vazimba sont un petit peuple. Rapeto, le plus grand de tous, a dû être une curiosité ou même une légende vivante. C’était le Moyen Âge malgache et les informations se transmettent de génération en génération, d’où l’appellation du « lovan-tsofina ». Il est facile d’amplifier l’information de cette manière, la déontologie journalistique était encore une utopie.
Chaque histoire, chaque légende racontée est associée au temps et à l’espace. Contrairement au roman qui présente un espace réel avec les descriptions détaillées, le conte de Rapeto offre un lieu irréel, inconnu avec moins de détails dans les descriptions. Il s’agit de laisser développer l’imaginaire du public. Dans ce récit soumis à la biodiversité de la richesse naturelle de Madagascar, tout comme les noms des figures ethniques, les repères se divisent en deux : la place de soi, ou la place de l’ici, et la place des Autres ou la localisation extérieure. Le schéma narratif de Rapeto montre clairement deux représentations différentes des lieux par des personnages. Ces représentations sont opposées. Le marquage des lieux confirme les représentations de l’autre par opposition aux représentations de soi, dans les personnages que nous avons imaginés avec les personnages tels que : le géant, une femme lémurien comme femme, les tous nouveaux tribus malgaches qui ont explorés l’île. Ici, les lieux associés à l’autre sont aussi négatifs : le pied géant qui représente l’arbre, la forêt, les animaux brûlés comme la signification de la lune, lieu de perdition. L’interprétation du conte conduit à la topologie générale et différentielle qui permet la formation de l’altérité, à travers ce couple opposé entre l’Homme et l’animal. En réalité, la femme de Rapeto est comparé à une bête le fait qu’elle est issu d’un tribu autre que le « vazimba ».
Le récit de Rapeto est un genre littéraire à part entière dont la richesse reste un vaste champ que le comparateur avisé se doit d’explorer. Plusieurs méthodes ont fait leurs preuves pour analyser des contes et ici nous avons appliqué la méthode imaginaire de Daniel-Henri Pageaux, pour détecter les différentes manifestations de représentations des scénarios liés à l’histoire et à la réalité culturelle. Cette méthode est couramment utilisée pour de nouvelles analyses et ce récit de voyage de Rapeto en est l’exemple vivant.
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