Les autorités de Mahajanga ont empêché la tenue d’un rassemblement politique organisé par Christian Afakandro, député de la circonscription de Mahajanga I, prévu le samedi 9 août dernier. Cette décision administrative soulève de nouvelles interrogations sur l’articulation entre impératifs sécuritaires et exercice des droits constitutionnels à Madagascar.
La manifestation envisagée par Christian Afakandro devait revêtir la forme d’une cérémonie officielle de remise d’écharpe parlementaire dans le centre-ville de Mahajanga. Cependant, les autorités préfectorales ont jugé cet événement inapproprié compte tenu du contexte politique et sécuritaire actuel.
La demande d’autorisation déposée par le parlementaire de l’opposition ayant essuyé un refus, les forces de l’ordre ont procédé à l’encerclement de son domicile le jour prévu pour l’événement, interdisant tout accès ou sortie des lieux.
Cette interdiction s’inscrit dans un timing particulièrement sensible. Le 45e Sommet de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) se déroulera le 17 août 2025 à Antananarivo, événement au cours duquel le président malgache Andry Rajoelina assumera officiellement la présidence tournante de l’organisation régionale.
Selon les sources officielles, plusieurs facteurs ont motivé cette décision :
Cette situation n’est pas isolée dans le paysage politique malgache. Des précédents similaires ont marqué l’actualité récente : en janvier dernier, Roland Ratsiraka avait vécu une expérience comparable à Toamasina, tandis qu’en avril, le domicile de Siteny Randrianasoloniaiko avait été bouclé par les forces de sécurité à Toliara suite à l’interdiction d’une manifestation d’opposition.
Siteny Randrianasoloniaiko, chef de file de l’opposition à l’Assemblée nationale, a vivement réagi à cet incident. Il dénonce “une forme d’intimidation et d’entrave sur la voie publique”, qualifiant la situation de “pression politique manifeste” et de “recours inapproprié aux forces armées contre un représentant élu du peuple”.
L’opposant pointe du doigt “une atteinte caractérisée aux droits fondamentaux” et une “violation constitutionnelle du droit de réunion pacifique”. Il évoque également une “atteinte à la dignité parlementaire” ainsi qu’au “droit légitime des citoyens d’échanger avec leurs représentants élus”.
Cette affaire illustre la tension permanente entre les exigences de maintien de l’ordre public et la préservation de l’espace démocratique à Madagascar. Dans un contexte où le pays s’apprête à accueillir un sommet international d’envergure, les autorités semblent privilégier une approche préventive stricte.
Le Sommet SADC représente un enjeu de prestige international pour Madagascar, qui assure actuellement la présidence de cette organisation regroupant 16 pays d’Afrique australe. L’événement, placé sous le thème “Avancer l’industrialisation, la transformation agricole, et la transition énergétique pour une SADC résiliente”, constitue une vitrine diplomatique majeure pour la Grande Île.
Cette situation soulève des questions fondamentales sur l’équilibre des pouvoirs et le respect du pluralisme politique dans la République malgache. Alors que le pays se positionne comme un acteur régional de premier plan avec la présidence de la SADC, la gestion des libertés publiques reste un sujet sensible.
L’incident de Mahajanga s’inscrit dans un contexte plus large de questionnements sur l’espace démocratique malgache, où les rassemblements politiques font régulièrement l’objet de restrictions, particulièrement lors de périodes jugées sensibles par les autorités.
La capacité de Madagascar à concilier ses ambitions diplomatiques régionales avec le respect des standards démocratiques constitue un défi majeur, observé de près par la communauté internationale et les partenaires de la SADC.
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